Lumières du présent

Exposition du 19 septembre au 2 octobre 2011

de 15h à 19h

La Galerie Bansard 26 av La Bourdonnais - 75007 PARIS

présente les artistes d'ARTEC

Aranda, Binet-Ouakka, Belliard, Delhorbe, Fafiani, Goyard, Jollivet, Icart, Lesimple-Thivierge, Liade, Picard, Visic.

 

Nous vivons dans un monde en changements, subissant les événements terribles qui voient le jour autour de nous, tremblement de terre, Tsunami, guerres, famines...

Devant toutes ces catastrophes, il peut nous venir à l'esprit des pensées négatives de désespoir. Ce sont dans ces moments de tristesse et de troubles cependant qu'il faut chercher des lumières pour continuer à espérer en l'humanité.

Venus de Côte d'Ivoire, des Pays Bas, d'Argentine, du Maroc, de Croatie ou de France, les artistes d'ARTEC portent bien haut cet espoir dans l'humanité.

Faisant suite à la grande exposition Galerie Etienne de Causans (rue de Seine - Paris) en Juin dernier, portant ce titre de « lumières du présent »» Fatema Binet Ouakka nous présente une œuvre de lumière au titre éponyme de cette exposition.

Cette très grande artiste franco-marocaine sait parfaitement manier la lumière, c'est une coloriste hors pair au talent qui enchante le visiteur.

Elle nous parle de la foi en l'humanité que nous devons conserver alors même que tout semble montrer que nous allons vers des désastres annoncés ; en effet, si l'homme sait détruire par les guerres, les techniques mal maitrisées et la pollution, il sait aussi prendre la mesure de ses erreurs pour les corriger, ainsi sont nées les démarches pour l'écologie, les progrès de la science...Ne perdons pas la foi nous dit donc Fatema BINET-OUAKKA avec cette riche toile aux couleurs chaudes « la foi ».

Fatema Binet-Ouakka nous lance sur le chemin de la lumière en ces termes :

image1 « Traduite par la métaphore de l'éveil, il résonne en nous une lumière... écho de l'universel comme un appel à l'abandon des illusions du moi. Être sage serait tout d'un coup apprendre à mourir ou apprendre à vivre car "en vérité, il n'y a pas de naissance" (Nagarjuna). Tout est donc enchevêtrement... et passé cette porte, on devient peintre. Voyager au-delà de soi pour découvrir la richesse de l'Autre, de là naîtra la tolérance qui mène à la bonté. Comme Ibn Arabi, "je crois en la religion de l'amour, où que se dirigent ses caravanes, car l'amour est ma religion et ma foi" car face aux refrains des préjugés établis, ma peinture aspire à nous faire entendre des chants multiples comme hymne de la liberté. Les différentes couleurs sur la palette de l'artiste sont des traits de lumière arrachés à l'obscurité, mais qui n'existeraient pas sans elle. Reconnaître cet univers dans toutes ses dimensions, c'est composer une harmonie avec sa musique intérieure. Toutes les couleurs ne sont qu'un blanc perçu différemment selon les points de vue et que le prisme peut recomposer, car seul l'être humain croit percevoir ce qu'il nomme réalité. Mais ce blanc n'est qu'une autre facette du noir absolu. C'est par cette prise de conscience que LA CRÉATION peut devenir le moyen de nous apporter une PAIX.

Selon Junayd, "la couleur de l'eau, c'est la couleur de son récipient". Tel est un des sens possibles de la peinture et de ses jeux de chromatisme. Circulez, il n'y a rien à voir. Voici les graines du monde à venir qu'il nous appartient de faire éclore, ce que, dans un murmure, on nomme sagesse. »

 

A ses côtés la lumière prend forme avec des artistes aptes à nous donner cette sérénité et ce rêve dont nous avons tant besoin en ces temps d'austérité. Alba Aranda travaille l'effet psychologique des formes et des tonalités afin de créer des paysages mentaux, certains sont l'expression de tous les bouleversements qui nous entourent, d'autres contrebalancent les premiers par des représentations propres à créer le bien-être. Voici trois œuvres d'Alba Aranda

 

Père du matiérisme et fervent pratiquant du collage, Bertrand Lesimple Thivierge, cet architecte de talent, nous montre la force de la science avec son travail porteur de construction géométrique, il nous montre que l'équilibre est une question de composition, de même que dans la vie l'équilibre se trouve dans le juste milieu, en évitant tout excès. Les œuvres de Bertrand Lesimple Thivierge tirent leurs références de la religion ainsi « la relique de Saint Anselme » œuvre de technique mixte sur laquelle viennent se coller plusieurs épaisseurs d'éléments, autant de traces de l'activité humaine quotidienne, des objets et des débris d'objets sont présents, telles des reliques, et marquent le passage du temps mais aussi la négation de ce passage, les éléments ainsi conservés, sauvés du rebut, font œuvre et font mémoire. Le galeriste et critique Jean Pierre Lorriaux a trouvé le terme de matiérisme pour désigner ce courant de l'art contemporain lancé par Bertrand Lesimple Thivierge. Avec son travail nous sommes obligés de nous poser la question qu'est-ce que la matière ? celle dont nous sommes faits ? celle qui nous permet de faire les choses ? celle de ces choses que nous produisons ? A travers ce questionnement c'est toute la dimension de l'être en tant qu'être qui se trouve posée. Comment marquer sa place d'étant si ce n'est par le faire ? Mais dans un monde ou tout passe, l'action peut sembler simple vanité et Bertrand Lesimple-Thivierge nous rappelle que tout passe comme ces objets qu'il sait si bien récupérer et détourner de leur destin.

image5Isabelle Belliard sait bien que plus la vie semble dure et chaotique, plus il est important de rappeler à tous par la fantaisie et l'humour combien il peut y avoir des moments qui font dire que la vie vaut la peine d'être vécue. Avec ses têtes de gnomes auxquelles elle donne du relief, il semble que nous pénétrions directement dans le paysage caché de l'enfance, des contes - c'est toute la magie du merveilleux qui nous est donnée à voir.

Bettelheim nous a appris que les contes de fées sont des lectures pleines de métaphores qui nous permettent de mieux appréhender notre monde quotidien, c'est ce qu'Isabelle Belliard a bien compris.

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A ses côtés Marion Delhorbe, nous fait renouer elle aussi avec notre imaginaire enfantin, mais par des voies très différentes : sous l'apparence d'une abstraction et d'un collage, qui la relierait plutôt au sérieux des mouvements plastiques, se cache une construction/déconstruction aidée par un choix de couleurs qui nous font plonger sans nous en douter dans le monde de l'enfance, par des biais que nous ne percevons pas dès l'abord. Les éléments sont éclatés, sans que rien ne vienne les relier, en opposition avec l'esprit de logique de l'adulte qui range, classe, relie, elle nous abandonne dans un monde où le désordre règne, un désordre cependant organisé pour nous rendre la fraîcheur de sensation qui fut la nôtre plus jeune.

 

image8Cor Fafiani, (Pays Bas) nous fait pénétrer dans le monde des êtres qui peuplent nos lieux de vie, poissons, insectes sont peints avec talent et lumière, sa technique est en quelque sorte pointilliste, avec des touches de couleurs qui donnent à ses peintures un effet mosaïque. Dès lors que l'on se penche sur les titre de ses toiles, nous comprenons que ce ne sont pas simplement des figurations animales anodines que nous avons sous les yeux, mais un plaidoyer pour la nature - la nature naturée, avec ses aléas. « survivor », représente une espèce de scorpion.

 

image7Patricia Jollivet sculpte ses animaux dans de la pierre, elle joue sur le côté translucide, sur la transparence de la pierre pour nous évoquer avec maitrise un splendide manchot ou d'autres animaux.

Son art est plus une incantation à la nature naturante, qui crée des formes multiples et belles et que nous cherchons, artistes, à reproduire en imitant le geste créateur.

L'albâtre qu'elle utilise laisse la lumière le traverser, et nous découvrons ses veines, son poli en même temps que l'animal auquel il prête sa matière.

 

image9Virginie Goyard nous rappelle, après ce moment de plaisir que nous apporte la contemplation des belles sculptures de Patricia Jollivet, que l'humanité est fragile, tout comme la nature, et que par ses inventions et sa soif de profit et de bien être, elle peut précipiter sa propre perte. C'est le message de sa toile « la chute » qui est à la fois un signal de danger, un rappel des écritures, et en même temps une mise en perspective des récentes catastrophes nucléaires, russe ou japonaise qui nous rappelle que nous sommes vulnérables, que le risque zéro n'existe pas et que la sagesse est peut-être dans le message qu'adressaient les penseurs grecs au monde de l'antiquité : que le bonheur résidait dans la capacité à savoir limiter ses désirs. A une époque où très (trop ?) gâtés, nous ne savons plus reconnaître la chance que nous avons d'avoir un toit sur la tête et de quoi manger dans notre assiette.

Nous sommes attirés dans la spirale infernale du toujours plus et ne savons plus nous arrêter de consommer.

L'homme est-il un loup pour l'homme, est-il impossible de vivre avec les autres en bonne intelligence ? Les guerres semblent prouver la difficulté que les hommes ont à vivre avec leurs semblables, pouvoir, dictature, revendications libertaires ou religieuses enflamment régulièrement l'actualité - est-ce donc que le mauvais triomphe en chacun de nous et que nous dissimulions nos pensées et nos volontés jusqu'à ce qu'éclatent les conflits ?

 

image10Portons-nous des masques de civilité ? qui se cache en notre fort intérieur ?

C'est cette énigme que Marija Visic, artiste croate, cherche à résoudre avec la présentation de petits masques qui nous évoquent à la fois le carnaval et les grottesques italiens, mais aussi la psychologie des profondeurs. Qui se cache au fond de nous ? Comment réagissons-nous à autrui ? Parfois nous ne le savons pas nous-mêmes et le masque ne tombe pas !

Pris entre diverses tendances culturelles, les artistes du continent africain sont souvent tentés de copier la mode occidentale avec des œuvres où toutes leurs racines sont absentes ; parfois ils sont au contraire en réaction contre cette culture qui leur est étrangère et leur rappelle le temps du colonialisme.

image11Trouver un équilibre entre ces tendances, se frayer un chemin éclectique, qui puise à la source de la tradition des thèmes d'inspiration tout en utilisant les traditions de la tapisserie des gobelins, c'est la gageure que réussit Gozé Liadé.

Ce professeur aux Beaux Arts d'Abidjan sait en effet dépasser dans un syncrétisme réussi la querelle entre les cultures. Ses tapisseries font la preuve qu'il est toujours possible aux hommes de bonne volonté de dépasser les conflits et que ce qui en sort est neuf et magnifié.

La force et la volonté qui permettent à l'humanité d'avancer, il fallait une artiste de la trempe d'Anic Picard pour la montrer au travers de ses toiles où éclatent la force de vie et la chaleur des couleurs. Son expression libre est porteuse d'espoir dans la vigueur de la création, de l'invention et de toutes les forces recelées par les hommes pour trouver des solutions aux problèmes et faire de ce monde un monde de paix.

image12Pour finir un mot du travail de Françoise Icart qui préside l'association ARTEC et qui organise les diverses expositions que cette association réalise de par le monde. Son travail associe fréquemment des textes, des pensées ou des maximes à ses toiles, car elle veut que chaque temps d'exposition soit un temps de réflexion, de retour sur soi, de méditation. Dans un monde où le temps est une valeur que l'on gaspille dans le bruit et la fureur, Françoise Icart désire que les expositions soient des havres, des moments où, au détour de la contemplation d'une œuvre, on puisse se retrouver soi-même, et les textes qu'elle glisse près de ses toiles ou ses photos ont pour mission d'aider cette démarche.

image13Joie tu nais

D'une fleur parfumée

D'un soleil en rayon

Ou du jeu d'un chaton

Joie, tu vis

Malgré la peine et la misère

Malgré la douleur et la soif

Alors que tout s'anéantit

Joie tu donnes

Au-delà du désespoir

De la peur et de la mort

Un instant d'éternité